Table ronde de la revue Alternatives Humanitaires et Médecins du Monde
6 février 2020, de 18h30 à 20h30
À Médecins du Monde, 62 rue Marcadet – 75018 Paris
Le traitement que notre système politique, administratif et judiciaire réserve aux personnes migrantes se fait de plus en plus intolérant. Alors que les ONG n’ont d’autre ambition que de faire appliquer une politique d’accueil digne et conforme aux textes internationaux, leur travail est de plus en plus compliqué par une hostilité qui instille dispositifs légaux, pratiques judiciaires et administratives en permanence. À l’image de la « loi asile et immigration », des personnes solidaires poursuivies pénalement ou encore des déclarations récentes de personnalités politiques, ce cadre contraignant entraîne un rétrécissement des champs d’action pour les associations et les individus, voire un certain fatalisme, quand les unes comme les autres sont présentés comme des complices des passeurs des personnes exilées.
Ce contexte légal de plus en plus dur et cette répression de plus en plus violente interrogent encore plus profondément une fois corrélés à la montée des nationalismes en Europe. Alors même que les arrivées de migrants reculent, les États se montrent de plus en plus réticents à accueillir et font preuve d’une clémence inquiétante vis-à-vis de discours traditionnellement issus de partis d’extrême droite, voire s’en approprient la sémantique.
À partir d’un état des lieux des politiques et pratiques restrictives observées, notamment en France et en Italie, il s’agira de réfléchir aux stratégies mises en place par les ONG et à celles qui restent à inventer pour contourner ou infléchir un tel cadre contraignant.
Un débat animé par Boris Martin, rédacteur en chef de la revue Alternatives Humanitaires et Christian Reboul, Référent Migration Droits & Santé à Médecins du Monde
Avec :

Luc Derepas, ancien Directeur général des étrangers en France (DGEF) au ministère de l’Intérieur


Grand témoin : Denis Lemasson, médecin, écrivain, auteur de Nous traverserons ensemble (Plon, 2016, Pocket 2018)
Inscriptions obligatoires : https://bit.ly/34iMxcJ
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Présentation des panelistes:
Sara Prestianni, née en Italie en 1979, est une spécialiste des politiques migratoires internationales. Elle travaille comme chargée de plaidoyer pour le bureau de la migration de l’association italienne Arci et est membre du Comité exécutif d’EuroMedRights et du Conseil d’administration de Migreurop. Elle a concentré ses recherches à partir de 2004 sur la migration dans l’espace méditerranéen et dans la région du Sahel, à travers des missions de terrain aux frontières intérieures et extérieures de cette région. Elle a contribué à plusieurs rapports produits par le réseau Migreurop et la FIDH sur la violation des droits de l’Homme aux frontières, et à l’Atlas des migrants en Europe, une géographie critique des politiques migratoires. (Armand Colin 2009, 2012, 2018). Elle a publié avec Michel Agier « Je me suis refugié la ! Bords de route en exil » (Ed. Donner Lieu 2011) et a participé au livre collectif « Un monde de camps » (Ed. La Découverte, 2014). Depuis 2015, elle est basée à Rome et coordonne le projet international #externalisationpolicieswatch, axé sur l’impact des politiques migratoires européennes et italiennes en Libye, au Niger, en Égypte et en Tunisie.
Pascal Brice, Né le 24 septembre 1966 à Nantes (Loire-Atlantique). Ancien Directeur général de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) de décembre 2012 à décembre 2018. Diplômé de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris (1986). Diplômé d'études approfondies (DEA) en économie appliquée (1988). Ancien élève de l'Ecole nationale d'administration (promotion « Léon Gambetta »)
Diplomate à partir de janvier 1993, postes au Ministère des Affaires étrangères à l’administration centrale dans les affaires européennes, à l’ambassade de France au Maroc, consul général de France à Barcelone. Ancien embre des cabinets d’Hubert Védrine (Affaires étrangères), Louis Le Pensec et Jean Glavany (Agriculture), Nicole Bricq (commerce extérieur) et Pierre Moscovici (Economie et Finances).
Auteur du livre « Sur le fil de l’asile » chez Fayard, paru en février 2019.
Arnaud Veïsse, médecin, est directeur général du Comede (Comité pour la santé des exilés). Créé en 1979, le Comede s’est donné pour mission d’Agir en faveur de la santé des exilés et de défendre leurs droits. En 40 ans, le soin et l’accompagnement de 150 000 personnes de plus de 150 nationalités dans le cadre des consultations et des permanences téléphoniques ont fait du Comede un acteur essentiel de la solidarité à l’égard des migrants/étrangers et un dispositif d’observation privilégié de leur santé et de leurs conditions d’accès aux soins. Les activités d’accueil, soins et soutien des exilé.e.s, ainsi que d’information, formation et recherche sont indispensables pour répondre aux objectifs de l’association. Les actions du Comede sont conduites en partenariat avec des associations, institutions et professionnels de la santé, du droit et de l’action sociale.
Matthieu Tardis est chercheur au Centre migrations et citoyennetés de l'Ifri. Diplômé de l'Institut des hautes études européennes de l'Université de Strasbourg, il a travaillé dans une organisation d'aide aux réfugiés avant de rejoindre l'Ifri en 2015. Ses recherches portent sur les politiques européennes d'asile et d'immigration. Il a notamment publié sur le droit d'asile en Europe, sur les partenariats entre l'Union européenne et les pays africains sur les questions migratoires mais également sur l'accueil des réfugiés dans les petites villes et les zones rurales en France. Depuis 2018, il coordonne l'Observatoire de l'immigration et de l'asile au sein de l'Ifri qui vise à proposer un lieu d'échange et d'expertise aux acteurs français de l'immigration.