Pourquoi ce séminaire ?
En 2008, un des objectifs du projet « accès aux soins et déterminants socio culturels », puis par la suite des études qualitatives déployées depuis 10 ans à MdM, était de produire des connaissances socioanthropologiques utiles pour améliorer la qualité des projets de Médecins du Monde. Il s’agissait aussi d’accompagner la réflexi vité des acteurs humanitaires en participant aux différents ateliers de travail, en resti tuant les questionnements et les résultats des études, en les interprétant, et en aidant à leur appropriation.
10 ans plus tard, nous faisons à Médecins du Monde le constat d’une augmentation progressive et d’une évolution des études qui témoignent d’un intérêt croissant et de la pertinence des méthodes qualitatives appliquées au champ de la solidarité.
À l’occasion de la création il y a un an du pôle recherche et apprentissages, cette journée d’étude sera l’occasion de faire, avec des chercheur·se·s et des équipes de Médecins du Monde, le bilan et de dresser des perspectives sur la question de l’utilité et de l’utilisation de la recherche en sciences sociales.
Thèmes de discussions et format participatif
Autour de la question générale sur l’utilité des recherches en sciences sociales, nous nous interrogerons sur les différentes formes, nouvelles ou renouvelées, de la participation des acteur·trice·s scientifiques à l’action. Comment dépasser la simple mise à disposition de connaissances par une implication de la recherche dans l’action ? Comment la recherche qualitative peutelle accompagner le changement social et ap porter de réelles améliorations aux conditions de vie des populations ? Les recherches peuventelles permettre de réduire le décalage entre la demande sociale et les ré ponses programmatiques des acteurs de la solidarité qui sont faites ?
L’utilité des recherches sera examinée aussi d’un point de vue méthodologique : en quoi le souci de faire des recherches « utiles » va influencer la façon de les concevoir, de les mettre en œuvre, d’en restituer les résultats ?
Quels sont les facteurs liés aux conditions d’une recherche utile pour l’action huma nitaire? Quelle autonomie de la recherche dans la problématisation, la construction de l’objet de recherche et la démarche d’enquête ? Quelles doivent être les conditions de temps nécessaires à une recherche sérieuse ? Quels sont les risques de restreindre leur capacité d’analyse et de critique, et de tomber progressivement dans une posture fonctionnaliste, au service des questionnements de leurs commanditaires ? Autrement dit, comment garantir une indépendance suffisante dans l’analyse et les conclusions de la recherche lorsqu’elle est commanditée par une ONG ou un bailleur ?
Nous discuterons de la production de connaissances et de l’intervention de la re cherche dans le but d’apporter des changements ou de les favoriser. Il sera aussi ques tion des attentes des populations concernées et de leur participation aux recherches et des démarches bottom up: comment impliquer les groupes sociaux ciblés par la recherche dans l’élaboration et la mise en œuvre de celleci ?
À l’issue de cette journée seront aussi abordées les questions des liens entre connaissances et utilité sociale, entre recherche et militance. Quel rôle donner à la recherche dans les actions de plaidoyer sans dévoyer la position distanciée nécessaire à sa scientificité ?
Cette journée sera donc l’occasion de créer un espace de dialogue critique et de débattre avec des chercheurs sur leur positionnement 1/ par rapport au rôle des connaissances qu’ils produisent ; 2/ par rapport aux acteur.trice.s de la solidarité et 3/ par rapport aux groupes sociaux objets/sujets des recherches et programmes.
La journée sera partagée autour de tables rondes où une large place sera laissée aux échanges et discussions avec la salle.