Avec son sourire bienveillant, Olivier disposait d’une ouverture naturelle vers l’Autre. Je crois qu’elle lui venait du fond du cœur et qu’elle ne s’encombrait pas de considérations inutiles pour laisser place avant tout à la clarté. Il avait cette capacité à nous mettre à l’aise en parlant avec tact, mais en toute franchise. On se sentait proche d’Olivier et avec lui, on basculait rapidement d’une relation professionnelle à une relation amicale et complice.
Dans les années 1990, il a enchainé plusieurs missions humanitaires avec Médecins Sans Frontières et Action contre la Faim (ACF). Au siège d’ACF où je me trouvais à l’époque, il me livrait sans détours ce qu’il vivait au Rwanda, dans ce contexte inouï de violences que connaissait ce pays. Responsable du Desk Afrique à Médecins du Monde entre 2001 et 2007, il a par la suite dirigé Enfants du Monde-Droits de l’Homme, avant de rejoindre la Guilde du Raid. Son action humanitaire s’est toujours accompagnée d’un questionnement sur le sens de l’action et la façon d’être plus efficace collectivement. Je me souviens quand il est venu me voir avec Patrick Edel, pour proposer la création de la Coordination Humanitaire et Développement (CHD). Il fallait Olivier pour parvenir à faire le lien avec une telle diversité d’organisations rassemblées aujourd’hui dans ce collectif qui a toute sa place au sein de Coordination SUD. Il portait aussi efficacement l’Alliance pour les Micro-Projets (AMP) qui permet de fédérer des moyens autour de microprojets locaux. Loin de l’ampleur des programmes des grandes ONG humanitaires, ces microprojets permettent de maintenir le lien avec de nombreuses communautés locales et de tisser des réseaux de solidarité indispensable au développement.
Olivier est parti le 6 mai dernier, sans doute pour une nouvelle aventure…
Le lendemain, alors que le premier vol ayant mobilisé le commissaire européen à l’Action humanitaire et le directeur du Centre de crise décollait de Lyon pour Bangui en République centrafricaine, nous avons voulu avec les directeurs d’ONG présents lui rendre hommage. Olivier avait commencé son engagement humanitaire dans la logistique et nous avons décidé de lui dédier ce « pont aérien » entre l’Europe et l’Afrique, qui se poursuit encore aujourd’hui avec le Réseau Logistique Humanitaire (RLH) et Bioport.
L’équipe d’Alternatives Humanitaires et ses membres fondateurs, qui ont bien connu Olivier, se joignent à moi pour adresser nos sincères condoléances à ses proches. Je pense en particulier à ses quatre enfants dont il me parlait régulièrement. Nous n’oublierons pas Olivier, son sourire et sa capacité à nous faire avancer ensemble.
Benoît Miribel, Membre fondateur d’Alternatives Humanitaires