Les frontières intérieures

Capucine ConinxAprès avoir travaillé plusieurs années dans l’équipe éditoriale d’une maison d’édition britannique, Capucine Coninx se tourne vers le secteur humanitaire en rejoignant des organisations non gouvernementales mobilisées auprès des personnes migrantes à la frontière gréco-turque. De retour en France, elle occupe ensuite les postes de chargée de coordination, d’aide à l’édition et de communication pour l’association Alternatives Humanitaires. Titulaire d’un master 2 migrations internationales et politiques publiques de la London School of Economics and Political Sciences (Royaume-Uni), elle est aujourd’hui chargée de communication, campagnes et événementiels au FORIM, réseau des diasporas solidaires, et engagée bénévolement auprès d’associations de soutien aux exilé.e.s en France et en Europe.
Paris Stalingrad
Un film de Hind Meddeb, co-réalisé avec Thim Naccache
Les Films du Sillage – Echo Films
2019, sortie nationale (France) le 26 mai 2021

C’est un espace-temps parallèle, à contre-courant de celui qu’occupent les flâneurs estivaux qui déambulent le long des canaux parisiens, que se sont attelés à filmer à l’été 2016 les réalisateurs Hind Meddeb et Thim Naccache. Ce documentaire engagé donne à découvrir le quotidien d’exilés arrivés du Soudan, d’Éthiopie, d’Érythrée, de Somalie, de Guinée, du Nigéria, d’Afghanistan, d’Iraq, d’Iran et du Pakistan avec l’espoir d’échapper à la guerre. Contraints de dormir à la rue à leur arrivée, ces hommes et ces femmes se regroupent dans des campements de fortune autour du métro Stalingrad, où leur quotidien est rythmé par les descentes de police et les mutations de l’espace urbain orchestrées par la Ville et l’État pour empêcher la présence d’étrangers sur la voie publique. En toile de fond, Paris Stalingrad donne ainsi à voir la brutalité policière et la violence structurelle auxquelles sont soumis les réfugiés en France, tout comme les manquements d’une administration défaillante et de services publics qui se défaussent sur des ONG souvent résignées face aux atteintes à ce devoir de solidarité qu’elles défendent. Dans ce contexte alarmant, on y découvre la dureté de la vie à la rue mais aussi, entre colère, amertume et moments de complicité, la solidarité d’habitants du quartier ainsi que la résistance et la résilience d’une communauté en lutte. Plutôt qu’une enquête complète sur le parcours des exilés en France, Paris Stalingrad propose ainsi un portrait de ces invisibles et questionne, sans apporter toutes les réponses, le rôle et la responsabilité d’un État qui défend désormais ses frontières au sein même de la ville.

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