Le mot de l’éditeur
Les ONG humanitaires sont-elles condamnées à n’être que les gestionnaires de la misère ? Quel rôle peuvent-elles jouer face aux États et aux multinationales ? Peuvent-elles ignorer les conséquences d’un impérialisme toujours plus agressif ? Face à ces questions, Bertrand Bréqueville, fort d’une expérience de vingt-cinq ans dans l’humanitaire, propose de repenser l’action de ces organisations.
Après avoir rappelé les mécanismes et les évolutions de l’impérialisme au xxe siècle, l’auteur expose les conséquences de ce système d’exploitation qui détruit les êtres humains et la nature, engendrant conflits et guerres civiles. Il met en lumière l’absence des ONG dans les luttes anti-impérialistes et leur apolitisme, se condamnant ainsi à n’être que la bonne conscience de la mondialisation néolibérale.
Afin de sortir de cette impasse, l’auteur propose notamment que ces organisations s’engagent activement dans les mouvements antimilitaristes et pour la paix ; qu’elles collaborent avec les mouvements sociaux locaux ; et en matière d’immigration, qu’elles refusent l’opposition entre la morale et la politique en dénonçant les causes économiques qui poussent les migrants à quitter leur pays.
Bertrand Bréqueville est chargé de recrutement chez Médecins du Monde. Auteur de nombreux articles sur la place de l’humanitaire face aux questions sociales et politiques, il publie en 2021 L’Humanitaire sous l’emprise du néolibéralisme[1]Lire la recension qui en a été faite dans notre revue : Boris Martin, « La mère des batailles », Alternatives Humanitaires, n° 17, juillet 2021, … Continue reading.