« Une vie dans l’attente : la santé mentale des personnes réfugiées et les récits de souffrance sociale après la fermeture des frontières de l’Union européenne en mars 2016 »
Pia Juul Bjertrup, Malika Bouhenia, Philippe Mayaud, Clément Perrin, Jihane Ben Farhat et Karl Blanchet
Social Science & Medicine, vol. 215, octobre 2018, p. 53-60
« Réfugiés syriens en Grèce : expérience de la violence, état de santé mentale et accès à l’information pendant le trajet et le séjour en Grèce »
Jihane Ben Farhat, Karl Blanchet, Pia Juul Bjertrup, Apostolos Veizis, Clément Perrin, Rebecca M. Coulborn, Philippe Mayaud et Sandra Cohuet
BMC Medicine, 2018, 16:40
Depuis 2015, l’Europe est confrontée à une arrivée sans précédent de réfugiés et migrants : plus d’un million de personnes sont entrées par des voies terrestres et maritimes. Tout au long de ce périple, elles doivent souvent faire face à des conditions très difficiles, des détentions forcées et des expériences violentes dans les pays de transit. La frontière de l’ancienne République yougoslave de Macédoine a fermé ses frontières en mars 2016, entravant un passage à travers l’Europe très fréquenté par les réfugiés et laissant ainsi environ 60 000 personnes bloquées en Grèce. En 2016 et 2017, MSF Epicentre et la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont décidé de mener une étude conjointe aux méthodes combinées.
Selon les sites étudiés, l’étude épidémiologique a montré qu’entre 31 et 77,5 % des personnes interrogées ont déclaré avoir subi au moins un événement violent en Syrie – 24,8-57,5 % pendant le trajet jusqu’en Grèce, et 5-8 % depuis qu’elles y sont installées. Plus de 75 % (et jusqu’à 92 %) des personnes interrogées de plus de 15 ans ont été diagnostiquées avec des troubles anxieux. Pour étudier les facteurs qui influent sur ce sentiment d’anxiété, l’étude qualitative explicative a montré que les réfugiés éprouvent une profonde incertitude et un manque de contrôle sur leur vie présente et future, causant une détresse et des souffrances psychosociales.
La passivité de la vie dans les camps de réfugiés a aggravé les sentiments d’impuissance et d’insignifiance. La perturbation des principaux réseaux sociaux et l’absence d’interactions avec la société grecque ont entraîné un sentiment d’isolement et d’hostilité à leur égard. Des procédures pour le droit d’asile plus rapides et plus transparentes, le développement d’activités constructives, valorisantes et autonomisantes, ainsi que des interactions sociales plus étroites avec la société d’accueil pourraient contribuer à atténuer leurs souffrances psychosociales.
Les articles (en libre accès) peuvent être consultés sur :
https:// bmcmedicine.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12916-018-1028-4
et www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953618304726?via%3Dihub
Traduit de l’anglais par Gauthier Lesturgie.