Promouvoir les droits participatifs des enfants et jeunes haïtiens en situation de migration

Dustin Ciufo
Dustin CiufoDustin Ciufo est professeur adjoint au programme d’études sur l’enfance et la jeunesse de l’Université de Trent (Durham, Canada). Inspiré par la nouvelle sociologie de l’enfance et ancré théoriquement dans les approches critiques, ses intérêts de recherche et d’enseignement le conduisent à explorer les droits des enfants et des jeunes en relation avec la politique et le développement international ainsi que la migration forcée.

Les jeunes haïtiens qui souhaitent quitter leur milieu pour aller à Port-au-Prince et peut-être au-delà doivent être considérés dans leur démarche et aidés dans leur choix. Prenant à revers la perspective « protectrice » et « incapacitante », l’auteur milite pour une prise en compte par les acteurs humanitaires de la parole et des aspirations des jeunes.

L’inextricable interconnexion entre les concepts d’« enfant » et de « jeune » et les droits effectifs des « enfants » et des « jeunes » a un impact significatif sur la capacité des uns et des autres à participer au monde qui les entoure. C’est la conceptualisation de l’enfant en tant qu’individu porteur de droits plutôt que de besoins – inscrite dans la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) – qui affirme, parmi de nombreux droits essentiels, le droit de l’enfant à être entendu[1]Commission des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations unies, Convention relative aux droits de l’enfant, 20 novembre 1989, … Continue reading. Malgré le large soutien dont bénéficie la CIDE, le niveau de concrétisation des droits de l’enfant à la participation reste limité. En tant que groupe social, cela peut s’expliquer par le statut marginal des enfants et des jeunes par rapport aux adultes, statut qui n’échappe pas à l’influence du cliché de l’« enfant ».

En tant que signataire de la CIDE, le gouvernement haïtien est légalement tenu de défendre les droits des enfants et des jeunes. Le pays étant confronté à un grand nombre de problèmes humanitaires, on constate une forte présence d’acteurs humanitaires chargés d’aider l’État haïtien à remplir ses obligations envers ses plus jeunes citoyens[2]Jonathan M. Katz, The Big Truck That Went By: How the World Came to Save Haiti and Left Behind a Disaster, Palgrave Macmillan, 2013.. Dans ce contexte, il est important d’examiner la participation des enfants et des jeunes dans les affaires humanitaires.

S’il est tout à fait clair que le travail humanitaire nécessite une action déterminée, il est important de promouvoir une approche holistique des droits des enfants et des jeunes. Par exemple, les trois « P » de la CIDE – à savoir la protection, l’assistance (provision en anglais) et la participation – doivent avoir le même poids dans la promotion et la réalisation des droits des enfants et des jeunes. Cependant, la protection et l’assistance sont souvent prioritaires, au détriment de la participation[3]Didier Reynaert et al., “Introduction: a critical approach to children’s rights”, in W. Vandenhole et al. (eds.), Routledge International Handbook of Children’s Rights Studies, Routledge, … Continue reading. Cela se vérifie dans la programmation humanitaire, et peut être imputé au cliché de l’enfance – qui s’avère inefficace pour équilibrer les contraintes et les possibilités en matière de capacité d’action des enfants.

Cet état de fait justifie donc un examen critique de la participation des enfants et des jeunes à la programmation humanitaire en Haïti. Guidé par le concept de « generationing » de Leena Alanen – processus par lequel des asymétries de pouvoir déterminent une agentivité élevée chez l’adulte et limitée chez l’enfant[4]Faute de traduction faisant autorité en français, nous conservons ici le terme original que lui a donné l’auteure . Voir Leena Alanen, “Generational order”, in Jens Qvortrup, W. Corsaro and … Continue reading – cet article mettra en évidence la perpétuation problématique du cliché de l’enfant, mais aussi les possibilités de participation des enfants et des jeunes dans les affaires humanitaires. En contestant la dichotomie simpliste enfant victime/enfant à problèmes que le prisme humanitaire traditionnel promeut[5]Bina d’Costa et al., “Introduction: Why children matter to global conflict.” in Bina d’Costa et al. (eds), Children and Global Conflict, Cambridge University Press, 2015, p. 1–8, … Continue reading, nous viserons à nuancer la conception des enfants et des jeunes en explorant les multiples façons dont ils participent à l’action humanitaire et en subissent les impacts. Cette approche dialogique peut contribuer à faire avancer les droits participatifs des enfants et des jeunes haïtiens en contexte migratoire.

L’économie politique historique et contemporaine d’Haïti

Un examen précis de la manière dont le cliché de l’enfance façonne la programmation humanitaire en Haïti exige de situer ces discussions dans l’économie politique historique et contemporaine du pays. La structure coloniale française a imposé à Haïti le mandat politique de l’esclavage et le système économique de la plantation. Ce faisant, elle a généré des richesses par le biais d’une structure de gouvernance autoritaire[6]Robert Fatton Jr., The Roots of Haitian Despotism, Lynne Rienner Publishers, 2007, p. vii.. Malgré les flux et reflux de la résistance citoyenne et de la répression étatique au fil du temps, des vestiges du colonialisme demeurent. Cela se traduit par le fait que les élites nationales et internationales continuent à utiliser le pouvoir de l’État pour accumuler des richesses aux dépens des citoyens[7]Pour une histoire approfondie d’Haïti, voir Laurent Dubois, Haïti: The Aftershocks of History, Metropolitan Books, 2012.. De telles alliances ont produit une économie politique où 60 % de la population vit dans la pauvreté, alors que les 20 % les plus riches possèdent 64 % de la richesse totale du pays, contre 1 % pour les 20 % les plus pauvres[8]The World Bank, The World Bank in Haiti: Overview, 2021, https://www.worldbank.org/en/country/haiti/overview#1. La réalité politique et économique d’Haïti pose de réels obstacles aux enfants et aux jeunes haïtiens qui cherchent à faire valoir leurs droits. Si le cliché de l’enfance peut certainement attirer l’attention sur les luttes des enfants haïtiens, notamment pour faire valoir leurs droits fondamentaux à la santé, à l’éducation et à la protection, il n’est pas déraisonnable de suggérer qu’il peut générer une conceptualisation fixe de l’enfance – celle d’une enfance en perpétuelle victimisation et nécessitant l’intervention des adultes. Cette conceptualisation peut limiter l’agentivité que les enfants haïtiens pourraient mobiliser pour générer des solutions aux injustices structurelles auxquelles ils sont confrontés.

« La réalité politique et économique d’Haïti pose de réels obstacles aux enfants et aux jeunes haïtiens qui cherchent à faire valoir leurs droits. »

« Generationing » et cliché de l’enfance

La permanence avec laquelle certaines normes, valeurs et principes construisent le cliché de l’enfance coïncide avec la vision idéalisée de l’enfant promue par la CIDE. Alors que cette dernière décrit l’enfant comme détenteur de droits indépendants, elle se heurte à la réalité de l’interdépendance des détenteurs de droits à laquelle de nombreux enfants du « monde majoritaire[9]« Monde majoritaire » : formule promue par certains chercheurs, notamment anglophones, et tendant à désigner l’ancien « tiers monde » ou les « pays en développement », pour exprimer … Continue reading », y compris les enfants d’Haïti, sont habitués. Par conséquent, la théorie du « generationing » de Leena Alanen pourrait remettre en question la nature essentiellement statique du cliché de l’enfance et l’interprétation que fait la CIDE du « monde minoritaire », pour les remplacer par un cadre théorique dynamique capable de capter plus précisément la réalité de l’agentivité des enfants haïtiens. Cela peut se faire en identifiant la façon dont les relations générationnelles se matérialisent par l’imposition de normes aux adultes et aux enfants qui – en dernière analyse – déterminent dans quelle mesure ceux-ci peuvent participer au monde qui les entoure[10]Leena Alanen, “Visions of a social theory of childhood”, Childhood, vol. 7, no. 4, November 2000, pp. 493–505.. Une telle compréhension suppose de dépasser le cliché de l’enfant au sein d’un humanitaire qui conceptualise les enfants d’Haïti comme des « enfants hors limites[11]Elizabeth Chin, “Children out of bounds in globalizing times”, Postcolonial Studies, no. 6, vol. 3, 2003, pp. 309–325 (p. 312). » et de mettre fin à « l’entreprise salvatrice[12]Diane Hoffman, “Saving children, saving Haiti? Child vulnerability and narratives of the nation”, Childhood, no. 19, vol. 2, 2011, pp. 155–168 (p. 157). » qui préside trop souvent aux principes organisationnels humanitaires. L’ampleur de ce déplacement conceptuel dans l’analyse de l’agentivité des enfants et des jeunes dans les affaires humanitaires élève ces derniers au statut de partie prenante et facilite donc leur participation active avec les travailleurs humanitaires. Ceci trouve un écho dans l’appel de Graça Machel, experte des Nations unies sur l’impact des conflits armés sur les enfants, pour que « les jeunes considérés comme des survivants et des participants actifs à la création de solutions, et non comme des victimes ou des problèmes[13]Unicef, Machel Study 10-Year Strategic Review: Children and Conflict in a Changing World, April 2009, p. 4. ». Cette idée est clairement exprimée dans l’Observation générale n° 12, article 121, qui reconnaît que les enfants occupent une place essentielle dans les discussions sur les moyens de garantir leur protection[14]Comité des droits de l’enfant des Nations unies, Observation générale n° 12 : Le droit de l’enfant d’être entendu, 20 juillet 2009, … Continue reading. Guidé par ce principe de participation des enfants et des jeunes dans les affaires humanitaires, cet article examine maintenant les pratiques de protection des enfants dans le contexte de la migration des enfants et des jeunes haïtiens. Pour ce faire, il s’appuie sur des entretiens qualitatifs avec des membres de la communauté de protection de l’enfance en Haïti où, en tant que chercheur, je n’ai pas cherché à « extraire » des informations mais plutôt à « voyager » avec les personnes interrogées[15]Steinar Kvale and Svend Brinkmann, InterViews: Learning the Craft of Qualitative Research Interviewing, Sage Publications, 2nd ed., 2009. afin de comprendre comment elles parviennent à leur point de vue unique et le partagent. Les résultats révèlent la valeur qu’apporte une approche basée sur les observations des intéressés par rapport au récit singulier auquel se limite le cliché de l’enfance.

La situation des enfants et des jeunes haïtiens en contexte de migration

L’économie politique d’Haïti, qui voit les élites nationales et internationales utiliser l’État pour générer des richesses aux dépens des citoyens, a créé une fracture considérable entre les villes et les campagnes. Les biens publics, auxquels tous les citoyens haïtiens ont droit, restent largement inaccessibles à la population rurale[16]Dorte Verner and Alessandra Heinemann, “Social resilience and fragility in Haiti: breaking the conflict-poverty trap”, en breve, World’s Bank Latin America and Caribbean Region, no. 94, … Continue reading. Dans ces circonstances, lorsqu’ils migrent « les jeunes ont le sentiment de ne rien laisser derrière eux, , l’enfant ira en ville[17]Responsable haïtien de la protection de l’enfance, entretien personnel, 2013. ». Ainsi, les travailleurs de la protection de l’enfance sont très conscients du désir de migration des enfants et des jeunes haïtiens. Le problème est de s’assurer qu’ils fassent un choix éclairé.

Comme les expériences des enfants et des jeunes migrants peuvent varier considérablement, il est également vital que les agents de protection de l’enfance puissent effectuer un suivi de leur bien-être. Dans les cas où les enfants et les jeunes ont vécu une expérience négative et ont besoin du soutien des travailleurs humanitaires, un responsable international de la protection de l’enfance explique que les politiques de retour et de réintégration nécessitent « une évaluation des risques avant le retour, une activité économique, ainsi qu’un suivi et une évaluation[18]Responsable de la protection internationale de l’enfance, entretien personnel, 2013. ». Selon ces travailleurs humanitaires, l’activité économique s’avère la plus cruciale car « la cause première de la migration des enfants est que les familles estiment ne pas avoir assez. Si nous ne leur donnons pas de nouvelles compétences et une nouvelle perspective pour changer leur situation matérielle, nous aurons le même résultat[19]Idem. ». Pour assurer le succès de cette activité, il faut certainement consulter les enfants et les jeunes afin de préserver leur bien-être.

En analysant les expériences de migration des enfants et des jeunes haïtiens dans leur ensemble, les travailleurs de la protection de l’enfance reconnaissent de plus en plus leur capacité de décision. Elle se manifeste à la fois dans leur volonté de migrer et, dans les cas où la migration n’a pas abouti aux résultats escomptés, dans le processus de retour et de réintégration. La reconnaissance accrue de la participation des enfants et des jeunes aux affaires humanitaires est donc essentielle pour améliorer la situation des droits de l’enfant. Cette perspective de plus en plus nuancée est peut-être mieux décrite par le directeur d’une grande organisation internationale de défense des droits de l’enfant, qui déclare :

« Pour chez eux s’ils le souhaitent, si la famille veut les garder – ce dont je suis sûr. Donc, aidons-les à garder leurs enfants avec eux et accompagnons ceux qui doivent partir[20]Directeur d’une organisation internationale de protection de l’enfance, entretien personnel, 2013. ».

Par conséquent, cette approche dialogique des enfants et des jeunes migrants haïtiens a permis de mieux informer les pratiques des travailleurs de la protection de l’enfance dans le but ultime de renforcer les droits des enfants et des jeunes haïtiens.

« Le concept de “generationing” de Leena Alanen critique l’essentialisation des adultes et des enfants dans une relation descendante qui relègue à la marge l’agentivité des enfants et des jeunes. »

En conclusion, il est évident que le cliché de l’enfance dans les affaires humanitaires reflète un récit des expériences des enfants et des jeunes. Si cette conceptualisation peut attirer l’attention sur les difficultés importantes que rencontrent les enfants et les jeunes, elle ne permet pas de contextualiser le caractère unique de la réalité vécue par chaque individu. Ainsi, le concept de « generationing » de Leena Alanen critique l’essentialisation des adultes et des enfants dans une relation descendante qui relègue à la marge l’agentivité des enfants et des jeunes. Par contraste, le développement d’une compréhension plus profonde des expériences des enfants et des jeunes dans les affaires humanitaires en général – et, dans ce cas précis, les expériences des enfants et des jeunes migrants haïtiens – nécessite la reconnaissance de leur potentiel participatif. Un tel déplacement des normes et des valeurs régissant les adultes et les enfants pourrait soutenir une relation dialogique entre les travailleurs de la protection de l’enfance et les enfants et jeunes d’Haïti. Comme cette réalité reste hors de portée si l’on opère dans le cadre du cliché de l’enfance, cet article démontre l’importance de sortir de ce paradigme. Ce faisant, il révèle le rôle essentiel que la participation des enfants et des jeunes joue dans la réalisation des droits des enfants et des jeunes haïtiens en matière de migration.

Traduit de l’anglais par Benjamin Richardier


ISBN de l’article (HTML) : 978-2-37704-939-4

Cet article vous a été utile et vous a plu ? Soutenez notre publication !

L’ensemble des publications sur ce site est en accès libre et gratuit car l’essentiel de notre travail est rendu possible grâce au soutien d’un collectif de partenaires. Néanmoins tout soutien complémentaire de nos lecteurs est bienvenu ! Celui-ci doit nous permettre d’innover et d’enrichir le contenu de la revue, de renforcer son rayonnement pour offrir à l’ensemble du secteur humanitaire une publication internationale bilingue, proposant un traitement indépendant et de qualité des grands enjeux qui structurent le secteur. Vous pouvez soutenir notre travail en vous abonnant à la revue imprimée, en achetant des numéros à l’unité ou en faisant un don. Rendez-vous dans notre espace boutique en ligne ! Pour nous soutenir par d’autres actions et nous aider à faire vivre notre communauté d’analyse et de débat, c’est par ici !

References

References
1 Commission des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations unies, Convention relative aux droits de l’enfant, 20 novembre 1989, https://www.ohchr.org/en/instruments-mechanisms/instruments/convention-rights-child
2 Jonathan M. Katz, The Big Truck That Went By: How the World Came to Save Haiti and Left Behind a Disaster, Palgrave Macmillan, 2013.
3 Didier Reynaert et al., “Introduction: a critical approach to children’s rights”, in W. Vandenhole et al. (eds.), Routledge International Handbook of Children’s Rights Studies, Routledge, 2015, p. 6.
4 Faute de traduction faisant autorité en français, nous conservons ici le terme original que lui a donné l’auteure . Voir Leena Alanen, “Generational order”, in Jens Qvortrup, W. Corsaro and M. Honig (eds.), The Palgrave Handbook of Childhood Studies, Palgrave Macmillan, 2009, pp. 159–174.
5 Bina d’Costa et al., “Introduction: Why children matter to global conflict.” in Bina d’Costa et al. (eds), Children and Global Conflict, Cambridge University Press, 2015, p. 1–8, https://assets.cambridge.org/97811070/38844/excerpt/9781107038844_excerpt.pdf
6 Robert Fatton Jr., The Roots of Haitian Despotism, Lynne Rienner Publishers, 2007, p. vii.
7 Pour une histoire approfondie d’Haïti, voir Laurent Dubois, Haïti: The Aftershocks of History, Metropolitan Books, 2012.
8 The World Bank, The World Bank in Haiti: Overview, 2021, https://www.worldbank.org/en/country/haiti/overview#1
9 « Monde majoritaire » : formule promue par certains chercheurs, notamment anglophones, et tendant à désigner l’ancien « tiers monde » ou les « pays en développement », pour exprimer que ces pays abritent l’essentiel (majority) de la population mondiale, par rapport au « monde minoritaire » (minority world) des « pays développés » (NDLR).
10 Leena Alanen, “Visions of a social theory of childhood”, Childhood, vol. 7, no. 4, November 2000, pp. 493–505.
11 Elizabeth Chin, “Children out of bounds in globalizing times”, Postcolonial Studies, no. 6, vol. 3, 2003, pp. 309–325 (p. 312).
12 Diane Hoffman, “Saving children, saving Haiti? Child vulnerability and narratives of the nation”, Childhood, no. 19, vol. 2, 2011, pp. 155–168 (p. 157).
13 Unicef, Machel Study 10-Year Strategic Review: Children and Conflict in a Changing World, April 2009, p. 4.
14 Comité des droits de l’enfant des Nations unies, Observation générale n° 12 : Le droit de l’enfant d’être entendu, 20 juillet 2009, https://www.right-to-education.org/sites/right-to-education.org/files/resource-attachments/CRC_Observation%20_Generale_12_2009_FR.pdf
15 Steinar Kvale and Svend Brinkmann, InterViews: Learning the Craft of Qualitative Research Interviewing, Sage Publications, 2nd ed., 2009.
16 Dorte Verner and Alessandra Heinemann, “Social resilience and fragility in Haiti: breaking the conflict-poverty trap”, en breve, World’s Bank Latin America and Caribbean Region, no. 94, September 2006, p. 2, https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/10311/380140ENGLISH0HI0En0breve09401PUBLIC1.pdf?sequence=1&isAllowed=y
17 Responsable haïtien de la protection de l’enfance, entretien personnel, 2013.
18 Responsable de la protection internationale de l’enfance, entretien personnel, 2013.
19 Idem.
20 Directeur d’une organisation internationale de protection de l’enfance, entretien personnel, 2013.

You cannot copy content of this page