Grâce à notre partenaire CartONG, en particulier Fabien Lezeau, il nous est possible de présenter l’ampleur des déplacements auxquels sont soumis les civils à Gaza, en Ukraine et, pour les Ukrainiens, en dehors de leur pays.
En Ukraine
Le conflit en Ukraine a engendré l’une des plus grandes crises de déplacement de l’histoire récente, quand des millions de personnes ont été forcées de fuir à la fois à l’intérieur du pays et à l’étranger. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), il s’agit de plus de 5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, tandis que 6,6 millions de personnes ont cherché refuge hors de l’Ukraine.

À l’intérieur du pays, les déplacements se concentrent dans les régions proches des lignes de front, notamment dans l’Est et le Sud de l’Ukraine. De nombreuses personnes ont déménagé plusieurs fois, en quête de sécurité, à mesure que les combats s’intensifiaient. Des grandes villes comme Kyiv, Lviv et Dnipro sont devenues des centres pour les personnes déplacées internes (PDI).
À l’extérieur de l’Ukraine, des pays voisins tels que la Pologne, la Moldavie et la Roumanie ont accueilli un grand nombre de réfugiés. La Pologne, à elle seule, a reçu plus de 1,5 million de réfugiés ukrainiens, la Moldavie et la Roumanie en accueillant des centaines de milliers d’autres. Ce flux de réfugiés se compose principalement de femmes, d’enfants et de personnes âgées, les hommes âgés de 18 à 60 ans devant, eux, rester en Ukraine en raison de la loi martiale.
Il y a également eu un flux notable de personnes rapatriées en Ukraine, l’OIM signalant que plusieurs millions d’Ukrainiens tentaient de rentrer chez eux à mesure que les lignes de front évoluaient. Cependant, beaucoup de ces retours sont temporaires en raison de l’instabilité permanente et du manque de services essentiels dans les zones touchées par la guerre.
À Gaza
La riposte militaire israélienne à la suite de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 a plongé les Palestiniens dans une situation de déplacement constant, sans espoir de refuge. Après l’attaque, Gaza – sous blocus depuis 2007 – a vu ses restrictions se durcir avec la fermeture par Israël de tous les points de passage frontaliers. Lorsque les Forces de défense israéliennes (FDI) ont ordonné l’évacuation du Nord de Gaza pour préparer leur campagne militaire, cela a déclenché un exode massif vers le sud, tout d’abord en direction de Deir Al-Balah, puis vers Khan Younès.

Malgré les zones d’évacuation désignées, notre analyse montre que plus de 42 % des frappes renseignées avaient eu lieu en dehors de ces « zones sûres ». Aucun endroit à Gaza n’a été épargné, les écoles, les hôpitaux et les camps de personnes déplacées étaient ciblés, ce qui anéantissait toute notion de sanctuaire. Le point de passage de Rafah, seule issue pour Gaza, a permis à environ 100 000 personnes de fuir vers l’Égypte avant d’être, lui aussi, vraiment fermé en mai 2024. La zone Sud-Est de Gaza, auparavant considérée comme un lieu de refuge pour les personnes déplacées, a commencé à faire face à des ordres d’évacuation fin mai 2024. Des zones désignées comme sûres ont été frappées à plusieurs reprises, comme le montre l’attaque d’Al-Mawasi du 13 juillet au cours de laquelle huit bombes de 907 kilos chacune ont détruit un camp de réfugiés, tuant 90 personnes et en blessant plus de 300 autres, ce qui témoigne tragiquement de la difficulté de trouver un abri sûr dans la bande de Gaza.
