Salutaire en ce qu’elle souligne tout à la fois les efforts et les insuffisances du secteur de l’aide pour se mettre à la hauteur des enjeux du changement climatique, la contribution d’Aline Hubert ouvre aussi des voies. Entre adaptation et transition écologique, entre réduction des impacts environnementaux des organisations humanitaires et maintien de leur mission première, le chemin vers la justice environnementale est étroit, mais possible.
La transition écologique des acteur·rices humanitaires n’avait, à l’origine, rien d’évident. Pourtant, les changements climatiques et l’ensemble des dégradations écologiques sont aujourd’hui reconnus comme un enjeu existentiel pour le vivant, humains inclus. Aussi, même si le secteur de l’aide internationale n’est responsable que d’une infime partie des problématiques écologiques actuelles et nonobstant sa mission sociale, il est largement admis que le principe de « ne pas nuire » doit également être compris sous un angle environnemental, par souci d’exemplarité et de cohérence, et ce, afin de protéger l’environnement dont dépendent bien souvent les populations.
Lente montée en puissance
Initialement porté bénévolement par des personnes sensibilisées à l’écologie, parfois réunies au sein de green teams, le discours écologique a gagné en puissance avec le temps et la médiatisation du sujet. Afin de témoigner de leur volonté de transition écologique, certaines organisations ont adhéré aux grands principes environnementaux de la Charte sur le climat et l’environnement[1]Charte sur le climat et l’environnement pour les organisations humanitaires, 2021, www.climate-charter.org/wp-content/uploads/2022/05/ClimateEnvironmentCharter-FR.pdf, ou se sont engagées sur des objectifs chiffrés de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES), comme les signataires de la déclaration d’engagement portée par le Réseau Environnement Humanitaire (REH)[2]Réseau Environnement Humanitaire, Déclaration d’engagement des organisations humanitaires sur le climat, décembre 2020, … Continue reading.
De ces engagements sont nées de nombreuses dynamiques : sensibilisations, évaluations environnementales, calculs d’empreinte carbone, élaborations et déploiements de plans d’actions sont pilotés par de plus en plus de référent·es environnement recruté·es spécialement et réuni·es au sein de groupes de travail thématiques. Or, ces actions soulèvent des difficultés méthodologiques et techniques nouvelles que les organisations cherchent à résoudre en s’appuyant sur des études scientifiques et des pratiques issues d’autres secteurs. Néanmoins, les ressources humaines et les financements font encore largement défaut, et la coordination est parfois difficile.
Si, dans le secteur humanitaire, les organisations non gouvernementales (ONG) semblent avoir été pionnières sur la question environnementale, elles ont rapidement été suivies par certains financeurs, comme en témoigne la déclaration des bailleurs sur le climat et l’environnement[3]Commission européenne à la protection civile et aux opérations d’aide humanitaire européennes, Déclaration des bailleurs de l’aide humanitaire sur le climat et l’environnement, mars 2022, … Continue reading. En pratique, cela se traduit surtout par des actions de sensibilisation des partenaires opérationnels et le développement de cadres réglementaires incitatifs[4]Joint Initiative for Sustainable Humanitarian Assistance Packaging Waste Management and Climate Action Accelerator, Operationalizing and Scaling-up Donors’ Climate and Environmental Commitments: an … Continue reading. Existent également quelques cadres contraignants, dont le plus emblématique par sa portée est celui des Minimum environmental requirements and recommendations de la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes (DG ECHO). Ces nouvelles normes de projet visent à favoriser les « bonnes » pratiques environnementales et à réduire celles ayant des impacts environnementaux négatifs. À la fois bienvenues pour améliorer la qualité environnementale des projets, elles sont également perçues avec inquiétude, comme une charge de travail additionnelle ou une couche administrative supplémentaire dans un monde en constante bureaucratisation. Très génériques – bien que la DG ECHO appelle à une prise en compte du contexte dans leur application –, elles peinent à s’accorder avec la diversité et la réalité des terrains, aux infrastructures et politiques publiques souvent défaillantes. Enfin, elles sont encore peu prises en compte dans les projets, et le suivi de leur mise en oeuvre est encore rare.
Une complexité sous-estimée
En somme, beaucoup d’efforts sont fournis pour mesurer et suivre, aussi précisément que possible, les impacts environnementaux négatifs. Cependant, cette inflation comptable et normative est-elle bien raisonnable[5]Karine Meaux, « Les chemins de la qualité de l’aide », Humanitaires en Mouvement, n° 24, décembre 2022, p. 28-31, https://www.urd.org/wp-content/uploads/2023/01/HEM_N24_FR_cr.pdf au regard du peu de moyens dont dispose le secteur face aux besoins humanitaires croissants ? En plus d’être chronophages, ces activités contribuent à masquer la complexité écologique tout en laissant croire à une bonne compréhension du sujet. Alors que l’écologie est une science éminemment subtile, dans la mesure où elle étudie les interactions des êtres vivants avec leur environnement et entre eux au sein de cet environnement, elle est ici divisée en sujets distincts, souvent traités de manière générique, c’est-à-dire paradoxalement détachés de tout « environnement ». Privé·es d’une compréhension holistique, les acteur·rices en viennent à identifier des solutions thématiques ou sectorielles, sans toujours réaliser leurs éventuelles contradictions. Ainsi, une meilleure gestion des déchets obligera à recourir à des filières de collecte, de tri et de recyclage, ce qui génèrera nécessairement de nouvelles émissions de GES que les organisations se sont par ailleurs engagées à réduire. Alors finalement, comment arbitrer ? Quels critères utiliser ? En pratique, et de manière plus ou moins consciente, les organisations arbitrent déjà dans certaines situations.
« Privé·es d’une compréhension holistique, les acteur·rices en viennent à identifier des solutions thématiques ou sectorielles, sans toujours réaliser leurs éventuelles contradictions. »
Ainsi, certaines choisissent de distribuer du gaz de pétrole liquéfié dans des camps de réfugiés pour lutter contre la déforestation. Ici, la priorité est alors donnée à la préservation des écosystèmes forestiers locaux par rapport à la réduction des émissions de GES. Dans de nombreux cas, au contraire, les actions se focalisent principalement sur la réduction des émissions de GES. Plus médiatique, le prisme carbone peut alors devenir un biais de pensée qui éclipse les autres préoccupations écologiques, leurs imbrications ainsi que leurs conséquences sociales[6]Guillaume Sainteny, Le climat qui cache la forêt. Comment la question climatique occulte les problèmes de l’environnement, Éditions Rue de l’échiquier, 2015.. C’est particulièrement vrai pour les solutions technologiques proposées. On sait pourtant que la transition énergétique alimente un extractivisme minier énergivore et extrêmement polluant, impactant essentiellement les pays du Sud où les acteur·rices de l’aide interviennent. On sait aussi que les gains d’efficacité peuvent entraîner des effets rebonds susceptibles d’annihiler les économies d’énergie, voire d’engendrer d’autres problématiques. Par ailleurs, les récits actuels concernant la transition écologique du secteur de l’aide passent sous silence plusieurs éléments stratégiques, politiques, voire éthiques, pourtant majeurs.
Angles morts de la transition écologique
Premièrement, les objectifs de décarbonation amènent une question épineuse. Les organisations s’engagent-elles à réduire leurs émissions de GES en valeur absolue ou relativement par rapport à leur volume d’activité[7]Il s’agit alors de réduire l’intensité carbone des activités. ? Face à ce sujet impensé ou inconfortable, les organisations ont adopté des positions divergentes – quand elles n’ont pas simplement éludé la question. Cela peut en partie s’expliquer par la tension morale soulevée entre la nécessité de réduire globalement les émissions de GES sur la planète d’une part, et le devoir de fournir une assistance humanitaire à un nombre croissant de personnes vulnérables[8]Angus Urquhart, Erica Mason, Fran Girling-Morris et al., Global Humanitarian Assistance Report 2023, Development Initiatives, 2023, … Continue reading d’autre part. De fait, de nombreuses organisations ont vu leur volume d’activité croître ces dernières années. Face à ce dilemme, les partisan·es de la valeur absolue font valoir la possibilité de découpler les émissions de GES des activités humanitaires, mais sans considérer les limites physiques de ce découplage. D’autres, pour contourner cette difficulté, proposent de définir la valeur absolue comme une « cible idéale » tout en se dotant d’une valeur relative comme « cible planifiée »[9]Réseau Environnement Humanitaire, Rapport de suivi de la déclaration d’engagement, à année +4, décembre 2024, … Continue reading. Du reste, la valeur relative ouvre une discussion méthodologique sur le choix de l’indicateur permettant de définir le volume d’activité, sans réponse tout à fait satisfaisante.
Deuxièmement, la question de la faisabilité des objectifs environnementaux – qu’ils soient en valeur absolue ou relative – a, jusqu’à présent, rarement fait l’objet de débats. Jugée peut-être inopportune dans un contexte où les efforts devaient se concentrer à faire advenir la transition écologique, et donc à susciter une adhésion et une dynamique collective, cette question met en lumière les tensions existantes entre le souhait de fournir une aide humanitaire et l’intention de réduire son empreinte environnementale. L’approvisionnement en eau par camion-citerne est, par exemple, unanimement reconnu comme une mauvaise pratique écologique, même s’il est toléré dans certains cas, faute d’alternative. De même, le fret aérien, bien plus polluant que le fret maritime, reste nécessaire pour répondre à des crises soudaines, non anticipables. Ou encore, certains déplacements en hélicoptère ne peuvent être supprimés pour des raisons de sécurité. Jusqu’où, alors, est-il raisonnablement possible de réduire l’empreinte environnementale ? Et les objectifs peuvent-ils réellement être les mêmes pour toutes les organisations, quels que soient leur état de référence et les éventuelles pratiques écologiques déjà établies ? Et quel que soit le type d’activités menées ? Si la production de certains plans d’actions visant une réduction de 50 % des émissions de GES en valeur absolue d’ici 2030 peut laisser croire à leur faisabilité, il est de fait difficile de juger de leur réalisme. En effet, d’autres plans d’actions, s’appuyant sur l’identification d’actions acceptables, laissent planer de cruels doutes quant à la faisabilité des objectifs[10] Voir l’exemple d’Action contre la Faim dans Réseau Environnement Humanitaire, Rapport de suivi de la déclaration d’engagement…, op. cit., p. 17..
Troisièmement, certaines mesures écologiques requerront des dépenses supplémentaires. En effet, même si d’autres actions permettront des économies, il semble qu’au global, la transition écologique aura un coût économique conséquent. Or, ce que les organisations mettraient comme argent supplémentaire à des fins environnementales pourrait être considéré, dans une vision utilitariste, comme autant en moins pour couvrir des besoins humanitaires. Alors que le fossé ne cesse de s’accroître entre besoins et financements humanitaires, ce point soulève une question éthique difficile : faut-il, pour couvrir un maximum de besoins, renoncer aux ambitions écologiques ? Ou au contraire, faut-il assumer une réponse d’une moindre ampleur pour garantir une certaine qualité environnementale ? Le dilemme est, en réalité, partiellement artificiel puisque les dégradations environnementales d’hier contribuent aux catastrophes humanitaires d’aujourd’hui et de demain. La considération d’un temps plus long permet ainsi de replacer la question dans une vision systémique et structurelle sur les causes et conséquences des crises humanitaires. Du reste, ces interrogations rejoignent en partie celles sur l’efficacité économique de l’aide ou sur le coût de la qualité, qui sont loin d’être nouvelles.
Quatrièmement, les objectifs environnementaux ont manifestement été définis sans s’interroger sur les enjeux d’équité[11]Aline Hubert, Objectif de décarbonation juste et équitable pour une ONG internationale, Groupe URD, 1er décembre 2024, urd.org/wp-content/uploads/2025/01/Objectifs-decarbonation_2024_GroupeURD.pdf. Est-il juste d’imposer une réduction de l’empreinte environnementale de l’aide, calculée en incluant les réponses aux besoins essentiels de populations vulnérables, les moins responsables des changements climatiques et des dégradations environnementales[12]Réseau Environnement Humanitaire, Forum REH sur la réduction de l’empreinte environnementale de l’aide et droit au développement des pays du Sud : quels objectifs communs et quelles tensions … Continue reading ? Alors que le droit au développement et le principe de responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives[13]Nations unies, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, mai 1992, article 3, p. 6-7, … Continue reading jouent un rôle clé dans toutes les négociations internationales sur le climat et que les enjeux de justice climatique et environnementale sont bien connus des ONG de défense de l’environnement, il est étonnant de constater à quel point ces aspects sont presque toujours absents des stratégies climat des organisations de solidarité internationale. Convaincues du bien-fondé de leur démarche, certaines d’entre elles réfléchissent ainsi aux moyens de décarboner les produits alimentaires thérapeutiques distribués en cas de malnutrition, sans considérer qu’en parallèle l’industrie de la viande déforeste l’Amazonie[14]Youssr Youssef, « De l’Amazonie jusqu’en Europe : comment les géants du boeuf continuent à exporter de la viande liée à la déforestation », Forbidden Stories, 2 juin 2023, … Continue reading, ou que l’industrie du poisson pille les eaux ouest-africaines[15]Yves Reichling, “How farming fish in Europe undermines food security and livelihoods in West Africa”, Feedback EU, 31 January 2024, … Continue reading. La comparaison, au-delà du secteur de l’aide internationale, avec des industries et multinationales n’a rien de puéril. Elle repositionne au contraire les acteur·rices de l’aide dans un écosystème mondial plus complexe et rappelle l’importance des ordres de grandeur : en 2022, 0,09 % des émissions de GES provenaient du secteur humanitaire[16]Pourcentage estimé à partir de la base de données EDGAR et de la feuille de route environnementale sectorielle développée par le Climate Action Accelerator.. Rappelons également que les populations du Sud émettent en moyenne moins d’une tonne d’équivalent CO2 par habitant par an, loin de celles des pays occidentaux et même inférieure à la cible moyenne recommandée pour rester sous les 1,5°C, de 2tCO2 e/habitant/an. Ainsi, la question pourrait plutôt être : comment assurer une vie digne et de qualité à tous·tes via une augmentation raisonnée de l’empreinte carbone des populations vulnérables et une diminution de l’empreinte carbone des autres ?
« La question de l’équité des mesures écologiques se pose, notamment entre le Nord et le Sud, recoupant ainsi les enjeux de localisation. »
Cependant, même au sein du secteur, la question de l’équité des mesures écologiques se pose, notamment entre le Nord et le Sud, recoupant ainsi les enjeux de localisation. Par exemple, les acteur·rices du Nord étant statistiquement ceux qui prennent le plus l’avion et qui l’ont le plus pris jusqu’à présent, est-il juste de réduire les déplacements aériens de la même façon pour les personnes du Nord et du Sud ? Inversement, une réduction qui ciblerait prioritairement les personnes du Nord ne pourrait-elle pas contribuer à une redistribution des pouvoirs, et donc en partie à la décolonisation de l’aide[17]Davide Ziveri et Muhammad Asaduzzaman, “International non-governmental organizations (INGOs) in humanitarian field: why and how to engage with planetary health?”, Qeios, 21 June 2023, … Continue reading ? Par ailleurs, en plus d’être potentiellement injustes, certaines solutions proposées paraissent également porteuses d’une forme de colonialité[18]Désigne « l’articulation planétaire d’un système de pouvoir occidental », d’après Arturo Escobar et Eduardo Restrepo, « Anthropologies hégémoniques et colonialité », Cahiers des … Continue reading, à travers les modèles et outils de gestion occidentaux qu’elles véhiculent[19]Vincent Pradier, « Colonialité ou pluriversalité : que révèle la transition écologique des ONG ? », Humanitaires en Mouvement, n° 26, décembre 2024, p. 44-51, … Continue reading.
La justice environnementale en ligne de mire
Certain·es jugeront peut-être ces différents éléments stériles, alléguant que les engagements environnementaux pris ne visaient en réalité qu’à reconnaître la part de responsabilité du secteur humanitaire et à traduire une ambition politique, sans constituer pour autant une obligation de résultats. C’est ainsi que l’on peut mieux comprendre les contradictions ou omissions des discours actuels. Ce serait pourtant négliger le pouvoir performatif des récits et les risques induits à ne pas considérer les points précédemment évoqués.
Peut-être plus désirable et plus facile à envisager sous un angle technique, la transition écologique actuelle apparaît donc comme largement dépolitisée, au risque de manquer finalement le coeur du sujet : la justice environnementale. Reposant à la fois sur une répartition équitable des ressources, des risques et des coûts, et sur l’implication de toutes les parties prenantes dans les processus décisionnels qui les concernent, le concept de justice environnementale permet d’articuler les défis écologiques actuels et les préoccupations sociales, en revendiquant la réduction des inégalités environnementales et le droit pour chacun·e de vivre dans un environnement sain. Ainsi, parce que la crise climatique et les dégradations environnementales entravent les droits humains et le droit au développement, et parce que la transition écologique et, plus généralement, la gestion de l’environnement sont susceptibles d’impacter négativement les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, les ONG de l’aide internationale sont effectivement concernées par les enjeux de justice environnementale.
Par ailleurs, la justice environnementale fait l’objet de clivages croissants au sein de nos sociétés : d’un côté, des actions en justice intentées contre les États ou les entreprises pour des motifs climatiques et environnementaux, des manifestations pour le climat ou encore des actions de désobéissance civile pour défendre les écosystèmes ; de l’autre, une criminalisation des militant·es écologistes, des attaques envers les institutions environnementales et des cadres législatifs et réglementaires environnementaux mis à mal[20]À ce sujet, on notera que le décret américain du 20 janvier 2025 Ending radical and wasteful government DEI programs and preferencing met également fin aux politiques de justice environnementale, … Continue reading ; mais aussi des mobilisations contre des mesures écologiques perçues comme injustes, comme celle des Gilets jaunes ou, plus récemment, la gronde des agriculteurs. Ainsi, et bien que cela puisse sembler contraire aux principes humanitaires, il paraît de plus en plus indispensable pour les ONG de l’aide internationale de réfléchir aux enjeux environnementaux sous un angle politique : comment la transition écologique est-elle susceptible de venir conforter, ou au contraire remettre en cause, les mécanismes de pouvoir et de domination actuels ? Quelles postures adopter et quelles actions mener, en tant qu’ONG de solidarité internationale, face à l’accentuation des inégalités et conflits liés à l’environnement et au regard du contexte de plus en plus dégradé pour les solidarités internationales comme pour l’écologie, que ce soit en matière de financements, de capacités d’action et de soutien politique ? En réalité, ces questions ne sont pas nouvelles, et de nombreux acteurs de la société civile et de la recherche[21]Notamment les auteur·rices travaillant dans le domaine de la Political Ecology. Voir Denis Gautier et Tor A. Benjaminsen (dir.), Environnement, discours et pouvoir, Éditions Quae, 2012 travaillent dessus. C’est pourquoi, une convergence et articulation entre organisations humanitaires, écologistes et altermondialistes pourrait être une première piste à explorer.
En somme, après plusieurs années de travail pour mener à bien leur transition écologique, les organisations constatent aujourd’hui les obstacles techniques et économiques de leur ambition ainsi que les tensions morales qu’elle soulève. Pourtant, loin d’être une impasse, les limites de la transition écologique des ONG invitent les organisations à adopter une nouvelle grille de lecture, plus systémique et plus politique. C’est finalement une opportunité pour envisager un nouveau chemin, plus transformationnel et plus aligné avec les enjeux de justice environnementale d’aujourd’hui.
Crédit Photo : CICR